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LA LETTRE
ET LA PHOTO

Chroniques africaines 03

 

 

Depuis quelque temps, je suis adepte des retraites. Elles peuvent prendre différentes formes. La plus accessible d'entre elles consiste à me mettre au volant de mon van en direction de la destination qui m'appelle sur le moment (souvent la Bretagne). Je rassemble alors ce dont j'estime avoir besoin. Des livres, des carnets, des crayons, des vêtements adaptés à la saison. Souvent, j'amène trop de choses avec moi, car évidemment, entre la projection et ce qu'il advient finalement du programme, ça bouge. Au fil du temps, j'ai cependant appris à limiter le remplissage des sacs, côté livres surtout. Car les cafés-librairie bretons font toujours partie de mes destinations. La retraite en van est économique et se fait proche de la nature. Quoi de mieux que les douches en extérieur, si possible, à l'abri des regards indiscrets et les repas cuisinés tranquillement sur le vieux camping-gaz familial qui éprouve sa seconde vie, stable mais nomade, dans les bras de Léo (c'est le doux nom de mon petit van). Jusqu'ici, je me limitais aux saisons « chaudes ». J'ai cependant décidé d'investir dans un sac de couchage grand froid pour expérimenter les retraites hivernales. Yala !

 

Je vous écris de l'orphelinat dont je vous ai parlé dans les deux premières chroniques. Alors que mon van prend sa retraite dans mon garage nantais, je profite de ce lieu pour me retrouver face à moi-même. Ou peut-être plutôt, avec moi-même. C'est plus doux non ? Ce que je vis ici fait échos à mon expérience de vie collective à Mayne. Comme à Mayne, je me sens libre. Les lieux collectifs peuvent avoir ceci de particulier : une dimension libertaire dans un cadre organisé. Personne n'attend quelque-chose de vous si ce n'est que vous vous conformiez aux droits et devoirs du lieu. En dehors de cela, vous êtes libre. Vous n'êtes ni la fille de, ni la femme de. Juste vous-même. J'aime me sentir seule au milieu d'un groupe. Cette joyeuse solitude qui permet un accès à soi. Ou devrais-je dire à moi car nous ne sommes pas toutes et tous égaux en ce qui concerne ces besoins de retour à soi. Ils se font grands de mon côté. Une retraite, cela peut se faire à deux pas de chez soi ou à l'autre bout du monde. Cela peut durer quelques jours ou bien quelques mois. Alors que j'écris ces mots, je regarde en arrière, à l'affût de ce qui s'est fait retraite dans ma vie. Dix jours pour une retraite de yoga en Inde du sud. Une semaine dans un centre macrobiotique à Saint-Gaudens. Une année à Mayne. Six mois au sein d'une maison de transition américaine (Lire Correspondance américaine). Enfin, quelques retraites dans le ventre de Léo en France. Et puis, il y a le regard en avant. Les envies. Les projections. Aller marcher vers Compostelle. Retourner au centre macrobiotique. Visiter mon amie bergère durant ses prochaines estives. Et Léo, toujours Léo. À deux pas des retraites, il y a les temps avec les ami.e.s les plus proches. Il me tarde de retrouver mon ami Yann à Pampepule à l'occasion d'une exposition de Cristina De Middel et mon amie Elissa pour quelques jours en Adirondacks au plus près des forêts et des lacs de l'État de New-York.

 

Pour quelques jours encore, j'embrasse la culture togolaise et la discrétion ou la pudeur de ses membres. À mes camarades de Fotomocizo qui se reconnaitront, j'avais partagé mon intention de travailler ici sans pression pour changer. Eh bien c'est raté !

Comment l'expliquer ?
Est-ce que je me pose trop de questions d'ordres éthique et politique sur la position du photographe blanc en Afrique ? Est-ce la dimension presque insaisissable de cette culture qui me renvoie d'impasses en impasses ? Est-ce que je manque d’honnêteté envers moi-même quant à ce que je souhaite vraiment faire ?

À cette dernière question je peux sans doute répondre par l'affirmative. L'espace de la création devrait demeurer le premier espace de liberté. Alors que je dois encore m'affranchir de certaines injonctions familiales et sociétales pour espérer vivre en accord avec un moi global apaisé, il me semble tout à fait logique qu'à l'endroit de la création, des espaces soient encore entravés. Quelque-chose se trame tout de même. Je travaille sur un projet mêlant photographies et écriture. Je vous en parlerai lorsque la certitude d'une finalité se fera jour.

 


Pour l'heure, j'ai attrapé le palu ! L'Afrique sans le palu, c'est la France sans les croissants, non ? Pas de panique. Si le paludisme est une maladie mortelle (400 000 personnes en meurent chaque année dans le monde, alors que 228 millions de cas sont répertoriés), lorsqu'elle est traitée, les malades s'en sortent. Un vaccin serait évidemment le bienvenu. Encore faudrait-il que la maladie touche les occidentaux afin d'en précipiter le financement. Mais j'enfonce ici une porte ouverte n'est-ce-pas ?

 

Cette chronique sera probablement la dernière. Dans une semaine tout pile, je serai à la maison. Au programme de cette fin d'année :

 

  • Les 5 et 6 novembre, deux interventions dans le cadre du mois du film documentaire à la médiathèque de Saint-Aignan de Grand Lieu. Une mini-conférence dans le prolongement du film À la recherche de Vivian Maier. Un échange sur le métier de photographe, au côté de Lydia Fares, suite à la projection d'Histoire d'un regard de Mariana Otero. Dans ce cadre, en partenariat avec Stereolux, ma série Nous, les invisibles ?! sera de nouveau exposée.
     
  • La mobilisation des participant.e.s pour le projet Ouvrir le diaphragme que je porte avec Armandine Penna et qui est produit par L'œil parlant. Cette initiative à destination des auteurs et victimes de violences conjugales mobilise la photographie pour accompagner vers la sortie du parcours de violences des auteurs et des victimes. Nous avons la chance d'être soutenues dans ce cadre par le Conseil Départemental de Loire Atlantique, la Ville de Nantes et la Région des Pays de la Loire.
     
  • Une formation à l'École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles.
     
  • Porté par Stereolux, le lancement d'un projet annuel « Classe Culturelle Numérique » qui va m'amener à correspondre avec 8 classes de collège du département de Loire -Atlantique.

 



Enfin, pour revenir à la thématique de cette lettre, dites-moi : elles ressemblent à quoi vos retraites ?
À BIENTÔT

**** Au plaisir de vous lire ****
de vous entendre
ou de vous voir.


Adeline




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Photographe, je suis basée à Nantes,
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adeline praud . auteure photographe · rue Haute Roche · Nantes 44000 · France

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