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Mesdames, Messieurs,

Ce lundi 15 juin, le Conseil des Etats va se pencher sur la restructuration du domaine de l'asile. L’Association suisse des Centres sociaux protestants a élaboré une prise de position détaillée contenant des commentaires et des propositions de modifications article par article. Voici quelques commentaires en résumé.
 
> Le gros de l’accélération des procédures a déjà eu lieu sans restructuration
Indépendamment de toute restructuration de l’asile, les procédures ont déjà été accélérées ces dernières années. Des réorganisations internes au Secrétariat d'Etat aux Migrations (SEM) et l’augmentation de ses effectifs ont permis cette accélération. Sans restructuration majeure, la durée des procédures Dublin a été en moyenne réduite de 19 jours et la durée des procédures courtes est passée de 310 jours à 70 jours environ. Voici les chiffres qui ressortent de l’un des rapports d’évaluation de la phase-test de Zürich (mandat 1) :
 

Type de procédure Système standard (moyenne 2011 et 2012) Système ordinaire
(du 1.1.2014 au 31.10.2014)
Phase de test
(du 1.1.2014 au 31.10.2014)
Procédures accélérées (jusqu’à l’entrée en force) 310 jours 70.8 jours 50,8 jours
Procédures Dublin (jusqu’à l’entrée en force) 94 jours 74,9 jours 58,2 jours

Source des chiffres: SEM, en collaboration avec McKinsey & Company, Berne, février 2015
Plus d’information sur ce point
 
> L’accélération présuppose une « cadence infernale » impossible à maintenir
Selon un rapport d’évaluation de la phase-test (mandat 4), les délais imposés sont de justesse tenus, moyennant une pression sur les professionnels, tant sur les fonctionnaires du SEM que sur les responsables de la protection juridique, pression intenable sur le long terme. En conséquent, la fiabilité des résultats obtenus en terme d’accélération doit sérieusement être remise en question et certains délais, notamment ceux qui permettent aux demandeurs d'asile de réunir des moyens de preuve et aux fonctionnaires d'instruire correctement les dossiers, doivent être prolongés. Plus d’information

> L’indépendance de la protection juridique doit être garantie
La mise en place d’une protection juridique est la condition sine qua non d’une accélération des procédures qui ne se fait pas uniquement au détriment des droits des demandeurs d’asile. Cette protection juridique doit être indépendante, ce qui signifie : des délais de recours non raccourcis ; des ressources suffisantes pour le prestataire de protection juridique afin d’éviter la surcharge et les recours bâclés ; la suppression du « contrôle de qualité » visant à exclure les mandataires qui défendent leurs mandants par des démarches parfaitement légales mais qui ne sont pas du goût de l’administration ; une localisation des bureaux des représentants légaux clairement distincte pour que les demandeurs d'asile puissent faire pleinement confiance à leur mandataire. Plus d’information

> La nouvelle procédure provoque une explosion des passages vers la clandestinité
Selon un des rapports d’évaluation de la phase-test (mandat 1), 23,5% des demandeurs d’asile disparaissent lorsqu’ils comprennent qu’ils recevront rapidement une décision négative. En moyenne, ces disparitions sont deux fois plus élevées comparées à celles observées dans la procédure ordinaire (12%). Le SEM parle ici de « départs non contrôlés ». Or, il y a fort à craindre qu’il s’agisse plutôt de passages à la clandestinité, en Suisse ou ailleurs, impliquant un coût humain et social qui ne peut être ignoré dans le débat à venir. Plus d’information
 
> Aide d’urgence : le projet induit un nivellement par le bas inacceptable
En imposant que les hébergements cantonaux n’offrent pas de meilleures prestations que les centres de la Confédération, le projet induit un nivellement par le bas généralisé de l’aide d’urgence. Plus d’information

Lire la prise de position complète des CSP avec un commentaire article par article
Contact : Aldo Brina, chargé d’information sur l’asile, 078 734 07 36, aldo.brina@csp-ge.ch
 

2015 Centre social protestant